• Part III: LIVE

     "Si vous l'avez vu, aucune explication n'est nécessaire. Si vous ne l'avez pas vu, aucune explication n'est possible".

     Part III: LIVE

    Au début, quand il n'est qu'un gamin de 20 ans ne comprenant rien à ce qui lui arrive mais y trouvant néanmoins largement sa part de fun, il s'agit d'exposer un phénomène de contre-culture ayant (très) mauvaise réputation. Il se conduit avec un naturel hors de propos: il bouge, remue, se roule par terre en enlaçant la mascotte de RCA (un chien de chasse) d'une façon équivoque, excite 15,000 gamines en transe jusqu'à leur faire perdre la tête: évanouissements, crises d'hystérie, pleurs incontrôlables, elles vont jusqu'à se griffer ou se battre et lorsqu'ils leur jette un mouchoir (utilisé!) ou son chewing gum, il ne s'agit que de naturel: il n'a aucune idée de ce que les autres considèrent comme un étalage d'obscénité ou de provocation. Il fait son boulot et est esclave du rythme. Il réalise néanmoins très vite le pouvoir scénique incroyable qui est le sien et fait grimper les enchères: lorsqu'il leur lance: « les filles, rendez-vous en coulisses pour la suite! » et que les flics présents en nombre ne parviennent plus à retenir la meute de nanas possédées qui envahissent la scène, les coulisses puis finalement sa voiture, il sait exactement ce qu'il fait.

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    C'est l'époque ou il se retrouve bloqué dans sa voiture avec des dizaines de filles gravant leur numéro de téléphone sur la carosserie, l'écrivant au rouge à lèvres sur les vitres, l'époque où se retrouvant coincé face à un ascenceur qui ne s'ouvre pas, elles lui arrachent ses vêtements, une chaussure, lui griffent les avant bras avant qu'un cordon de police l'escorte dans une pièce afin de le maintenir isolé. Suite à une altercation avec un pompiste qui avait mal supporté cet aéropage féminin entourant la jeune star faisant modestement le plein de sa gigantesque Cadillac, un juge bienveillant lui indiquera qu'il a tout intérêt à ne plus évoluer en public sans protection, et que le mieux est qu'en dehors de ses obligations professionnelles, il reste gentiment chez lui. Même le colonel Parker, ravi de ce tohu-bohu autour de son poulain, commence à s'inquiéter de ces débordements hystériques difficiles à contenir.

     

    Jusque là, les "récitals" se donnaient dans des salles de fêtes ou des auditorium de 2 à 3.000 places. Elvis en tournée ("In person" comme le proclame fièrement la pub du Colonel) va changer la donne: une vraie star de la musique se produit désormais devant des masses compactes d'ados qui, outre le fait qu'ils payent leur place et se réunissent à 5, 10, 15 ou 35,000 pour se déchaîner avec Elvis, achètent tous les jolis objets que le Colonel leur a préparé (délicate attention et invention du merchandising au passage): écharpes, chewing gum, livres, tasses, brosses à dents, sacs, gilets, chaussures, rouges à lèvres, parfums (hound dog ou heartbreak hotel), cartes de collection, etc. Part III: LIVE

    L'impact sociologique du phénomène Presley est tel qu'il en masque l'essentiel de l'origine: le talent brut d'un artiste en développement constant. La voix d'Elvis est d'une richesse exceptionnelle, naturellement timbrée de plusieurs couleurs (elle peut être douce, éraillée, pleine, dans le souffle, allier rythme et mélodie quel que soit le style: rock, gospel, ballade, pop, funk, country en incluant toutes les nuances entre les genres). Il est le premier blanc à ne plus chanter comme si la chanson était une déclamation: son phrasé est de la rue, il mâche les mots, les balance, mord dedans avec la fougue d'un gamin de 20 ans, place rythmiquement avec un génie spontané les mots qu'il avale à toute allure, intercalle des soupirs,des gémissements, des aboiements de clebs en chaleur, claque la langue, les doigts, râle, suggère en permanence une sensualité ravageuse et une sexualité sudiste moite et torride.

    Outre son timbre, son rythme et son phrasé, Elvis possède un style vocal inné qui n'a en rien été fabriqué: on aime ou on déteste, c'est du Presley. La griffe vocale marquera les décénnies suivantes jusqu'à aujourd'hui et l'on ne compte plus les figures majeures influencées par Presley (Beatles, Stones, Mercury, Tom Jones, Bowie, Elton John...)

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    Enfin, il y a le don brut, naturel: une tessiture de chanteur d'opéra, englobant généreusement le baryton-martin, le ténor et l'alto jusqu'au fausset. En voix de poitrine, il possède une extension vers le haut tout à fait remarquable, ce qui lui autorise des envolées stupéfiantes (et hélas trop rarement enregistrées de façon professionnelle). La maîtrise technique est faible: Elvis n'a jamais pris de cours de chant, mais il chante à l'Eglise (blanche avec papa et maman, black lors de ses escapades solitaires) depuis qu'il a 5 ans et l'ardeur vocale du Gospel, ses racines du Mississipi, sont les meilleures techniques au monde: celles des tripes, de la sincérité, celles qui poussent à envisager le chant comme un hommage vibrant au Seigneur, à exprimer l'humilité devant Sa Grandeur, dans le recueillement comme dans l'explosion de joie.

    Du petit garçon blanc perdu dans la chorale noire au type maîtrisant des foules immenses par la simple grâce du talent, il n'y a pas grande différence. Il suffisait de le voir, c'est tout.

    Rien qu'en 1956, Elvis vend 22.000.000 d'albums, près du double de 45tours, et engrange 23.000.000 de dollars de l'époque en revenus annexes (ce qui revient à approximativement cent millions en 2013). Du jamais vu, ni alors, ni depuis.

    L'année 1957 sera identique. Avec une emprise aussi écrasante sur un auditoire gigantesque, le résultat en live ne pouvait que suivre.

    Il a commencé dans des festivals, des terrains de base-ball, une scène, une sono des plus rudimentaires. Rien. Mais son impact scénique se répend comme une traînée de poudre: il ne savait pas quoi faire de lui en scène, mort de trac, alors il se laisse guider par la musique. Résultat: il est le premier à exprimer l'effet immédiat de la musique rock: elle fait bouger.

    S'exprimer est permis. Dans la mesure où sa gestuelle et son sens chorégraphique sont cependant lourdement teinté de sexualité; les jeunes ouvrent des yeux ravis tandis que leur parents sont gênés, outrés ou honteux. Jusque là, l'audace maximum, c'était de chanter deux ados qui se tiennent vertueusement la main au clair de lune. Elvis déboule avec ses histoires de chien de chasse, de tutti frutti, de train mystérieux et de supplique à sa copine pour s'envoyer en l'air. Presley est un fouteur de bordel professionnel dès 1956 et ça durera jusqu'en 1961. Il signe un autographe sur le sein d'une admiratrice, provoque les flics de Jacksonville qui filment son concert (il a reçu une injonction officielle lui interdisant de bouger sur scène) en ne remuant de façon suggestive que son petit doigt bagué face à 14,000 filles encore plus dingues que d'habitude.

    Comme nous l'avons vu, les années soixante le voient loin des projecteurs et de la fièvre de tournées: enfermé dans des navets au kilomètre à Hollywood, ses exploits passés sont dans toutes les mémoires, chacun se rend compte qu'il a inventé à lui seul la rock star moderne, son style, son comportement, mais c'est simplement comme s'il avait disparu.

     

    Il remonte sur scène en 1969, à Las Vegas.

    Et les choses sérieuses reprennent en 1970 avec les tournées... Part III: LIVE

    Des défis et des challenges à la pelle pour commencer: un mois plein à Las Vegas dans ce qui était le plus grand showroom du monde du plus grand hotel du monde (on est en Amérique...). Deux concerts tous les soirs, pendant un mois. Deux mois par an. Le salaire? L'équivalent de 5.000.000 de dollars actuels par mois.

     

    Il explose tous les records de réservations. Gardons à l'esprit que les dirigeants de Vegas ne regardent qu'une seule chose: la fréquentation des casinos. Elvis, lorsqu'il est dans la ville, amène plus ou moins 500.000 personnes du monde entier, un demi-million de visiteurs qui vont jouer. Et perdre.

    Le Colonel, lui-même joueur compulsif, va enchaîner son poulain à cette ville jusqu'à saturation. Pour remercier le King du profit, la première année, la direction de l'International Hotel lui offre une ceinture... en or massif incrustée de diamants, de rubis et de saphirs.Part III: LIVE

     

    Elvis va finir par haïr Vegas, au point, excédé, de lâcher sur scène des commentaires peu amènes sur le sujet: « I hate this fucking town, I really do. I don't even want to be here... » Il vit deux mois par an dans une suite de 5000 mètres carrés digne de James Bond: le penthouse (voir ci-dessous). Un palais moderne coiffant le sommet de la ville. Part III: LIVEOffert par la direction, de même que ses frais, la sécurité (depuis son retour sur scène, outre un public assez agité, Elvis a reçu plusieurs menaces de mort), le catering, et tous les frais annexes. Plus 100.000 dollars offerts à dépenser aux tables et roulettes. Elvis dans la salle, ça attire le client. Las, il s'y essayera une seule fois: le jeu l'emmerde, les salons l'emmerdent et il provoque une émeute. Il prendra l'habitude de filer son viatique de jeu à ses amis pour qu'ils aillent se détendre en bas pendant qu'il passe son temps enfermé dans son penthouse irréel. Les seuls moments où il sort, c'est lorsqu'il monte sur scène ou qu'il va applaudir ses collègues dans d'autres salles de spectacles du strip.

    La profession entière vient le voir, à Vegas ou en tournée. Pas une star de l'époque ou actuelle qui n'ait fait le déplacement.

    D'Alice Cooper à Elton John, des Led Zeppelin au Who, de Springsteen à Michael Jackson, de Mama Cass -qu'il adore et invite à un concert improvisé dans sa suite- à Lennon ou Bowie, tout le monde vient lui rendre hommage.

    Part III: LIVEPart III: LIVE

    Il y a ses amis, ce que le public ignore: James Brown, Jackye Wilson, Mohammed Ali, Mama Cass, nous l'avons vu, Tom Jones, Sammy Davis Jr, Ann Margret. Elvis adore rencontrer des gens du métier et organiser des jams avec eux lorsqu'ils les admire. Il réquisitionne alors son band, tout le monde au trentième étage, vue sur le désert illuminé, et s'offre des sessions  jusqu'au matin avec eux.

    Il va dans un premier temps effectuer un retour scénique triomphant et prestigieux durant quatre ans: Vegas, l'astrodome à Houston pour quatre dates, tournées en salles, le Madison Square Garden de New York en juin 1972, la ville qui l'attend au tournant et le supplie de rester après quatre dates et une couverture média dythirambique.

     

    Et enfin en janvier 1973 un concert à Hawaii retransmis par satellite dans le monde entier. Une première, avec une audience d'un milliard et demi de téléspectateurs à la clé. Ce qui reste encore 40 ans plus tard la plus forte audience pour un concert par un artiste solo.

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      Part III: LIVE

    La salle est d’une capacité allant de 7.000 à 23.000 places. A 9 reprises des stades : 8 de 45.000 places et un de 80.000… ce sont des événements, mais il n’en est pas fana : trop grand.

     

    La moyenne habituelle étant de 18.000 spectateurs. Le concert est de toute façon complet depuis des lustres, sans avoir été annoncé par une campagne d’affichage particulière : une simple annonce dans deux journaux du coin suffit. Sold-out le jour d’ouverture des locations, invariablement.

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    Trois ou quatre jours avant que le box-office ouvre la vente de tickets, une impressionnante file pouvant couvrir plusieurs blocs a attendu, y compris la nuit, avec sacs de couchage, matériel de campings etc. En été, ils cuisent, en hiver, ils gèlent.

     

    Le jour dit, c’est un incroyable pandémonium : les bus venus des villes alentours se comptent par dizaines, le parking du complexe est saturé depuis 16 :00, les voitures se garent à quelques kilomètres de là et les gens se dirigent en groupes compacts jusqu’à la salle couverte. Des flics sont présents en nombre, tentant de gérer la circulation impossible, le concert de klaxons, les évanouissements dans les files qui attendent l’ouverture des portes. C’est une ambiance de carnaval, un peu surréaliste. Il flotte dans l’air une véritable électricité aussi, une attente commune ; l’excitation est palpable. Des vendeurs de souvenirs arpentent les groupes en gueulant, des scalpers proposent des tickets à prix d’or. Ils les vendent, comme chaque fois. Nous sommes entre 1970 et 1977, une époque sans internet en tous les cas et le spectateur qui se rend au concert n’a aucune idée de ce à quoi il va assister : il n’a pas vu d’extraits sur Youtube ou Facebook. Le spectateur est innocent.

     

    Lorsque celui qui a acheté un ticket franchit une porte d’accès, la première chose qu’il peut voir, c’est un océan de chaises et tout en bas, au milieu, comme un radeau perdu, une scène de taille normale. Chargée en musiciens harmonieusement répartis en étages : avant-scène libre, derrière, légèrement surélevée, la section rythmique et plus loin, un peu plus élevé encore, un orchestre complet : cuivres, percussions et cordes.

     

    Sur les côtés, à gauche, un piano et deux synthétiseurs. A droite, un ensemble de choristes à faire pâlir une église baptiste du Sud : trois noires au tempérament expressif, une soprano opératique avec elles et derrière, cinq hommes formant un quintet vocal de Gospel.

     

    La salle se remplit à un rythme soutenu, c’est un carrousel d’annonces pour que les spectateurs « n’oublient pas de se rendre aux supers stands de souvenirs, nous avons des posters, des t-shirts, badges, livres, programmes ou jumelles pour ceux qui sont placés haut dans les gradins »… le tout fait rentrer un flot de dollars froissés dans des caisses à tiroirs.

     

    Tom Diskin, le bras droit du Colonel Parker, responsable de cette foire authentique, passe régulièrement afin de relever les réserves de cash accumulées. Pop-corn, barbes à papa, des milliers de litres de Coke ou de sodas en tous genres sont déversés à la multitude. Pour un peu, on se croirait au Super Bowl. C’est intrinsèquement américain, le feeling est festif et dans l’expectative.

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    La salle est pleine à présent et bruisse comme une ruche. Les lumières baissent, explosion de cris mais… non. Première partie. D’abord un comique. Bof. Moyen. La salle retient péniblement son impatience. Puis le quintet Gospel, stars dans leur domaine, propose quelques titres enlevés. L’ambiance grimpe un peu, le son aussi. Enfin, les Sweets Inspirations passent à l’avant-scène et proposent un show de vingt minutes ultra-black. L’ambiance commence vraiment à chauffer, la salle s’énerve, cela s’entend aux cris qui fusent à un rythme plus soutenu, à la chaleur qui devient envahissante, aux sweats shirts qui sont tombés à terre, aux milliers de jumelles braquées toutes les trois secondes vers les coulisses, amplement dissimulées aux regards derrière un immense rideau. Le son a grimpé encore, il faut gueuler pour se parler à présent.

     

    Les Sweets terminent leur tour et le public commence à crier comme un seul homme.

     

    Mais non. Toujours pas : les lumières de la salle se rallument, le public se tait, déborde de frustration et les vendeurs de souvenirs tiennent à nouveau le crachoir en répétant inlassablement que personne n’oublie de passer au « super souvenirs concession stands »…

     

    L’attente va encore durer entre 25 et 50 minutes.

     

    Chaque personne ayant partagé ses souvenirs avec moi m’a répété à quel point cette attente, confrontée au désir de la salle entière, est insupportable. Des salves de cris, d’applaudissements jaillissent d’un peu partout et retombent.

     

    Tout à coup, des étages supérieurs retentissent des cris suraigus de plusieurs centaines de spectateurs agglutinés aux fenêtres panoramiques bordant le sommet des gradins : ils ont vu la voiture entrer dans le garage du complexe.

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    La tension augmente encore, nerveuse, physique, on s’évente avec les programmes, on vérifie avec les jumelles : d’où viendra-t-il ? Quand, enfin ?

     

    Les voix d’en haut qui ont vu entrer la limousine entourée de motards et de gyrophares se fondent dans une clameur à présent, tout le monde gueule : les plus fanatiques pleurent, d’autres serrent leur programmes avec des mains moites. On est très loin d’un événement culturel classique à ce stade : des milliers de spectateurs sont enfermés dans cette salle comme dans une casserole à pression, on les a poussé à bout alors qu’ils fantasment tous sur cet instant qu’ils attendent depuis des semaines, des mois ou des années. Ils sont là avec un dénominateur commun : voir un mythe en chair et en os. Il y a des rednecks, des universitaires, des avocats, des ouvriers, beaucoup de femmes évidemment, les plus jeunes ont 6 ou 7 ans, la majorité entre 25 et 35 et pour clore le tout, des papys et mamys. De tout, de toutes les couleurs, de toutes les classes sociales. Pas un qui ne le croie capable de surnaturel. On ignore ce qu’il peut faire, mais à l’évidence, il peut faire beaucoup : il va envahir cette scène plongée dans le noir, sans décor, sans rien en fait, sinon une armada de musiciens et d’ingénieurs aux consoles.

     

    Une voix retentit et Al Dvorin demande à tous les spectateurs de rejoindre leur place.

     

    Des flics se placent tous les deux mètres autour de la scène et face au par-terre.

     

    Les lumières se coupent brutalement, noir d’encre. Hurlements: time to go, baby.

     

    Et un projecteur unique isole un micro sur pied au centre de la scène. Les gens se lèvent (on leur a demandé de rester assis deux minutes plus tôt mais ils n’écoutent plus rien), ça crie, ça appelle, parfois ça pleure. Dans les années 70, ce n'est plus un artiste que l'on vient voir et entendre, c'est un Dieu vivant, Howard Hughes invisible mais dont l'ombre mythologique recouvre l'entièreté du continent américain, de l'orgeuilleuse New-York (à genoux avec 4 Madison square Garden complets en 1972 et ce titre du New York Times: "Like a prince from another planet") au bled paumé du middle west.

     

    Le thème de « 2001, l’odyssée de l’espace » de Richard Strauss envahit la salle en fade in. Doucement avant de gagner rapidement en puissance pour devenir tempétueux. La foule crie, se calme, puis crie à nouveau, le son fait un effet de marée et donne surtout à ressentir une absence de contrôle : rien ne motive les vague de cris (il fait noir et l'on ne peut voir que ce pied de micro dans son rond de lumière aveuglant), pas plus que le moment où elles se calment avant de repartir de plus belle. Les flics plongés dans le noir autour de la scène resserrent les rangs, on les a prévenus que ce public pouvait parfois se comporter comme un troupeau d'animaux, n’hésitant pas à balancer un genou dans le ventre ou à grimper sur la tête du spectateur du rang devant pour se rapprocher.

     

    Le thème de Strauss se termine en fortissimo et la sono pousse en avant : le son devient très fort. Rupture totale, la batterie enchaîne sur un solo vrombissant, dont les coups de caisses claires font trembler les murs tandis que la grosse caisse se ressent dans la poitrine en vibrations.

    Part III: LIVE

    Une dizaine d'autres projecteurs balayent la salle sans s’arrêter et tout à coup, sur le côté, il apparaît : les bras levés, le sourire en coin, il achève de grimper l’escalier qui mène à la scène dans une explosion de cris, de musique et de milliers de flashes qui se déclenchent en même temps sans discontinuer : la salle est sous le coup d’un stroboscope géant, ça crépite de partout, jour-nuit en alternance à chaque seconde.

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    Toute la salle se lève, des mains se tendent, des femmes en pleurs se heurtent aux flics qui suent. Il arpente le bord de scène, salue, observe, sourit avec ce sourire de gamin, l’air de ne pas prendre « tout ça » au sérieux, mais il est bien le seul à pouvoir se le permettre. Il se penche pour serrer une main, accepte une fleur ou une peluche, salue les côtés, devant, les gradins, se retourne, et à chaque mouvement, la salle explose d’une nouvelle clameur.

     

    Il porte une tenue ouvragée, blanche mais pas toujours: le bleu, le noir, le rouge sont dans ses goûts égalment, incrustée de pierres semi-précieuses, des bagues énormes, une ceinture de la même eau. Le tout capte la lumière et la renvoie, il étincelle en réalité.

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    Le beat est fort, lourd, il s’empare d’une guitare, se dirige vers le micro et lorsque pour la première fois sa voix en live retentit à haut volume aux quatre coins de la salle, ça crie à nouveau.

     

    Il va rester sur scène, selon son envie et sa forme, entre 45 minutes et une heure et demie. Une seule fois, parce qu'il en avait envie, il est resté deux heures complètes pour un concert hallucinant que l'on peut retrouver sous forme d'enregistrement pirate.

     

    Il va leur donner un peu de tout : du rock, du blues, des ballades, des anciens hits, des nouveaux, s’ils ont aimé une chanson il est bien capable de la bisser en entier, un peu de gospel en mode assourdissant aussi, du genre qui parle à la fibre américaine et exalte la grandeur d’un pays ravagé par la Vietnam et le Watergate et dont il incarne encore l'espoir et la splendeur aux yeux de ces milliers de gens, des titres qui demandent des capacités vocales profondes, aussi hautes que larges en terme de tessiture.Part III: LIVE

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    Il va surtout se laisser mitrailler en photos tout le long, les laisser dévorer la légende en vrai, image tremblante à travers les verres des jumelles vendues par Parker.

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    Il va enfin faire ce pour quoi ils sont là : les surprendre là où ils ne l’attendent pas, asseoir sa réputation, les rendre incontrôlables : il peut indifféremment distribuer des foulards trempés de sueur, des bagues serties de diamants ou de rubis, engueuler les policiers trop rudes avec les fans et encourager ces derniers à ne pas se laisser faire (pauvres flics…), filer sa guitare à un gars du premier rang, faire venir une petite fille sur scène près de lui et lui donner la chaîne en or qu’il porte autour du cou, embrasser une gonzesse prête à défaillir, défaire son énorme ceinture sertie et la jeter dans les premiers rangs, veiller à ce que la nana qui s'est cassé une jambe en sautant du balcon et qui a mal atteri sur la scène soit prise en charge par les équipes de secours déjà bien remontées ; il va bouger, vibrer du bassin ou d’un coup de hanche, les jambes élastiques, prendre la pose en mode karaté pour les instamatics affamés, pointer du doigts ses choristes ou un coin de la salle, lancer un clin d’œil, s’agenouiller lentement, très lentement, le contact doux comme une caresse, en murmurant : « aaaaaw…honey… you want a baby kiss or a heavy ? » avant de conclure lui-même : « what about a heavy baby kiss ? »… on entend dans le micro la voix de la fille qui meurt et il flirte ouvertement avec elle tandis que des milliers de voix s'époumonent, avant de se relever, sourire carnassier, dégaine féline, le micro claquant sur la scène, dirigeant cette dernière comme un général à la bataille.

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    Il n’y a pas d’écrans géants, aucun moyen de grossir le mythe ou de le mettre en scène : il faut qu’il soit là, vraiment là, qu’il sue et qu’il bosse pour que ça marche. On ne fait pas chavirer 20.000 spectateurs sans se donner jusqu’à l’excès.

     

    Des témoignages que j’ai récolté, une constante à nouveau : l’extraordinaire magnétisme du bonhomme, un charisme à ce point envahissant qu’il lui permet de réussir cet exploit de dominer des salles gigantesques sans aides technologiques ou mise en scène. L’aura suffit.

     

    Et du premier rang au dernier, qui n’observe qu’une tache blanche étincelante, chacun est transporté.

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    Témoignage :Part III: LIVE

     

    « J’avais 20 ans, je faisais mes études aux Etats-Unis. Une de mes colocataires était fan d’Elvis, elle parvient à acheter trois tickets et me demande ainsi qu’à une amie de l’accompagner. Et pourquoi pas ? Je suis plus branchée rock contemporain, Led Zep, The Who, mais Elvis ne me dérange pas et on dirait que la vie de ma copine dépend de ce concert. Alors j’y vais. On roule toutes les trois 6 heures durant dans une vieille chevrolet pour arriver jusqu’à la salle. Je me souviens que c’est immense et plein comme un œuf. Je me souviens de la chaleur aussi. Quand il est enfin arrivé, il y avait une électricité dans l’air impressionnante, c’était vraiment un événement, on le comprenait tout de suite. Nous étions très haut en arrière dans la salle, on le voyait tout petit. Il m’a semblé malade par moment, comme un peu incohérent. Et en même temps, cette voix, la chaleur de l’échange dans la salle, les ovations et lui, c’était… comment dire ? On le ressentait. Il m’a semblé doux, sympa et très, très triste, on avait envie de le protéger. Il s’est mis au piano et a chanté Unchained Melody, qui est normalement un slow ravageur. Avec lui, seul au piano, c’était devenu quelque chose comme une marche funèbre… c’était poignant. On le sentait, on ressentait sa tristesse, son vécu, il communiquait d’une façon incroyable ses émotions propres. Ma copine était en larmes, ma voisine de droite aussi. Et moi également… je n’aurais jamais cru ça possible mais oui, j’ai pleuré à un concert d’Elvis… c’était quelques mois avant sa mort, en 1977. En sortant, on était assommées toutes les trois, on a passé deux heures d’embouteillages dans un état cotonneux. Je me souviens avoir dit qu’il ne vivrait sans doute pas très longtemps encore… on avait vraiment ressenti ça… c’est le seul concert auquel j’ai assisté qui m’a laissé une impression aussi forte et irréelle ».

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    Comme le dira très justement un de ses techniciens : « They don’t call him King for nothing ».

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    Si l’envie lui prend, qu’il est en forme, il va effectivement peut-être s’asseoir au piano et chanter un ou deux airs opératiques seul, comme s’il laissait chacun le voir dans l’intimité. A ce moment, la salle plonge dans un silence religieux, une communion attentive au moindre souffle, à l'exception des cris perçants et isolés de filles en état d'hystérie qui geulent toutes seules.

     

    Il peut tout aussi bien revisiter ses derniers titres sortis, ou consacrer vingt minutes à des anciens tubes. Il fait clairement ce qu’il a envie et ce que son instinct lui dit. Le groupe qui l’accompagne maîtrise plus de 150 titres de son répertoire, il peut piocher. Parfois, il chante un titre demandé. Voir même, comme à Asheville en Caroline du Nord en juillet 1975, proposer au public de faire le concert lui-même et accepter une requête après l'autre.

     

     

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    Les deux dernières années, quand sa santé devient chancelante et extrêmement variable, suivant qu’il est loadé à mort ou gavé de calmant, le concert peut partir dans toutes les directions : enthousiaste, électrique, ou au contraire las et triste. Une constante : l’adoration totale que lui voue les foules dans tous les coins des Etats-Unis. Qu’il soit absolument excellent ou moyen, ils réagissent de la même façon… ce qui aura précipité sa chute d’une certaine façon, puisqu’il se voit privé de challenge par un public trop adorateur. Il en était devenu douloureusement conscient sur la fin, lâchant sur scène: "Et bien si c'est ça tout ce que j'ai à faire, c'est dans la poche..."

     

    La légende s'écrit à coup de moments cultes, et les concerts d'Elvis ont tous ce point commun: après les saluts, après avoir serré des mains qui se tendent, lorsqu'il disparaît de la scène, Al Dvorin se présente au micro et annonce: "Ladies and Gentlemen, Elvis has left the building". La célèbre phrase est née parce que le public refusait parfois de quitter la salle, ou envahissait la sortie backstage dans l'espoir de le coincer. Une sécurité digne d'un chef d'état a donc été mise en place: il ne passe que par les cuisines, les montes-charges, les chemins cachés et le concert sitôt terminé, il est sorti de la salle.Part III: LIVE

    Quand il se retrouve dans la limousine prête à démarrer qui l'attend à la sortie des coulisses et que ses accompagnateurs le rassurent en lui lançant des "Good show, Boss", il regarde par la fenêtre, l'air absorbé, sous le coup de l'adrénaline. Si ce qu'ils disent est vrai, son regard bleu étincelle, il est survolté. S'ils lui mentent, s'il a été moyen ou carrément incohérent, il observe la nuit en se pinçant la lèvre supérieure et le silence domine dans la voiture.

    Quand il lit dans un journal qu'il est une légende vivante, il s'emporte: "I'm not any fucking living legend, I'm just that little person and I'm an artist". Avant de conclure, en pensant au public: "They must be crazy, man. They must be. It's not normal behavin' like that".

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    Les quatre dernières années le voient en réalité retomber dans l'ennui et le manque de défis. Comme pour les films, il a le sentiment de tourner en rond.

    Pas de tournées mondiales, alors que les offres affluent.

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    Mirobolantes: 10.000.000 de dollars pour un concert devant les pyramides de Guizeh en Egypte en 1974. Le tout filmé.

     

    Ou encore 30.000.000 de livres pour trois concerts au stade de Wembley à Londres en 1975, film du concert et album live compris.

     

    Des offres de ce genre, il y en eu des dizaines. Toutes refusées.

     

    Le Colonel Parker est un immigré illégal aux USA, s'il sort du continent, il n'est pas du tout certain de rentrer. Absurde lorsque l'on connaît la fortune du bonhomme. Il n'en démordra cependant pas et clouera Elvis au sol américain.

     

    Elvis, qui a cité Paris, Bruxelles, Londres, le Japon et l'Australie comme des endroits où il rêve de se produire, est crevé, frustré, se drogue et renonce une fois de plus, passivement, bêtement, à confronter le Colonel à ces choix de carrière incompréhensibles. En lieu et place, ce dernier lui concote des plannings intenables, deux semaines, vingt concerts, trois ou quatre semaines off et on repart, dans des villes aussi prestigieuses que Kalamazoo, Pine Bluff, Champaign ou Des Moines.

    Part III: LIVE

    Il s'y donne parfois avec force et étincelle. Il surprend cependant de moins en moins et, les deux dernières années, à quelques exceptions près, tourne en pilote automatique avec un répertoire réduit à des séquences passées dans la légende. Si la salle est bonne, s'il est dans le mood, le concert suit. Si l'ennui le submerge, il se démène pour donner au public qui a payé sa place le concert qu'il est venu voir. Mais le coeur n'y est pas toujours. Il sombre dans une dépression sévère et un sentiment d'inutilité, répétant autour de lui qu'il n'a rien fait de marquant dans sa vie, que tout le monde l'oubliera. Sentiment d'échec pour la plus grande star du monde, fin de règne crépusculaire sur fond de salles hurlantes et de sono poussée à fond.

    La musique qu’il propose est d’une importance secondaire, ils sont venus pour le voir avant tout. Il le sait. Et si jouer à Elvis Presley l'a amusé longtemps, il se sentira pris au piège les trois, quatre dernières années de sa vie. On attend de lui qu'il respecte un cahier de charge écrasant: outre le physique et la voix, il doit être mieux que ce qu'ils ont fantasmé et c'est quelque chose de destructeur. Il le dira lui-même: "Image is one thing, human being is another... it's very hard to live up to an image". Il est coincé par la démesure de son succès également, il tente quelques évolutions de répertoire, de tester sa créativité, mais le public qui vient le voir veut de la légende, l'artiste et ses éventuelles ambitions créatives, ils n'en ont rien à cirer. Il est devenu un morceau de patrimoine national, comme le Mont Rushmore ou la statue de la liberté. Impossible de faire évoluer quoi que ce soit, sa dimension mythologique lui a coupé toute voie de sortie.

    Part III: LIVE

     

    Alors qu'il est à moitié inconscient dans sa chambre d'hôtel à Philadelphie en 1977, malade, drogué, le Colonel Parker qui a été prévenu s'enferme avec lui et son médecin. Larry Geller, proche du chanteur, assiste à la scène et dans l'entrebaîllement de la porte, il peut voir que le toubib plonge la tête d'Elvis dans de la glace en le tenant par les cheveux... Lorsque le Colonel resort de la chambre, il se plante devant Geller et lui dit, le regard glacial, martelant les mots de sa canne: "une seule chose compte: l'homme qui est dans cette chambre DOIT être sur scène ce soir. C'est la SEULE chose qui compte. M'avez-vous compris?"Part III: LIVE

    Geller témoignera, comme beaucoup d'autres, de ce sentiment de totale impuissance dans cette course folle où des millions de dollars sont en jeux et qu'il assiste à la manipulation d'une cash-machine. Le toubib, ce bon docteur Nichopoulos qu'Elvis trimballe avec lui partout, va le piquer, lui faire avaler de quoi se remettre debout, on va l'envoyer sur scène où il sait de toutes façons ce qu'il a à faire même lorsqu'il dort à moitié, puis on va le repiquer et lui donner d'autres narcotiques afin de le calmer et de l'endormir.

    Dans les bagages de tournée d'Elvis, des livres, des tenues de scène hors de prix qui pèsent 7 à 15 kilos, un bijoutier à ses ordre, la memphis mafia au complet, une bonne quinzaine de gardes du corps, la poule du moment, et surtout le docteur Nick et sa valise en cuir noir, débordant de pilules, de seringues et de flacons.

    Plus de 1.300 concerts donnés en 7 ans sur le continent américain uniquement.

    Tous sold-out.

     

    Certains sont entrés dans la légende comme des moments uniques, la pure démonstration d’un pouvoir scénique d’exception.

     

    D’autres ont fait de même parce qu’ils ont mis en lumière son déclin, l’emprise croissante de la came, sa solitude écrasante qu’il ne cachait plus.

     

    Aucun n’a laissé indifférent. Extatiques ou inquiètes, les foules sont sorties de la salle invariablement en état de choc, hermétiques aux klaxons résonnant dans la nuit noire.

    Les concerts diffusés professionnellement (Aloha from hawaïï, Elvis in concert, Elvis on tour) ne rendent jamais compte du chaos et du tourbillon émotionnel qui avaient lieu loin des caméras. Tout y est lissé, mixé, calmé, éclairé avec soin.

     

    Je possède plus de 125 concerts d’Elvis non-officiels, enregistrés ou filmés dans la salle.

     

    Et l’on ne peut que regretter que personne n’ait pris la peine de filmer la chose avec naturel et sans déranger ce qui y naissait spontanément : l’hystérie, la communication incroyable, l’échange, l’imprévu, la bête de scène en liberté.

     

    C’est à un spectateur inspiré que reviennent les mots de la fin :

     

    « Si vous l’avez vu, aucune explication n’est nécessaire. Si vous ne l’avez pas vu, aucune explication n’est possible ».

     Part III: LIVE

     A ECOUTER!

    Les concerts d'Elvis, nous l'avons vu, ont en général été édité avec peu de soins: moyennement mixés, sortis à la va-vite, parfois lourdement édités... incompréhensible mais telle est la réalité.

    Il semblerait que ce matériel soit enfin pris au sérieux par son label. En témoignent de nouvelles sorties de concerts "nettoyés", intégralement (et soigneusement cette fois-ci) remixés avec les technologies actuelles les plus pointues.

    Immanquablement, le résultat suit: la dimension sonore, le relief, l'ambiance décollent dès les premières secondes et ne retombent pas.

    Pour enfin jouir d'un confort total d'écoute et en fermant les yeux, être à même d'effectuer un voyage dans le temps, j'encourage le lecteur à écouter les deux concerts suivants, à haut volume, confortablement. Une installation de qualité permettra même de percevoir un spectateur qui parle ici ou là, la totalité du spectre sonore envoyé de la scène, et la déferlante d'énergie balancée au cours de concerts d'exceptions.

      

    Madison Square Garden - june 10 1972 - "Like a prince from another planet"Part III: LIVE

    N'hésitez pas à acheter le coffret "Like a Prince from another planet" sorti en 2012 afin de fêter les 40 ans de 4 concerts sold-out qui ont fait perdre la tête aux New-Yorkais, ainsi que leur légendaire maîtrise d'eux-même. Cette édition ultra-léchée, au packaging de luxe, offre une bonne vision de la fièvre ambiante. Un livret fort bien documenté aide à comprendre le phénomène qui a envahit New York en suscitant d'abord un haussement de sourcil, avant de repartir en laissant derrière lui un public transi d'amour et une presse d'abord circonspecte transformée en horde de laudateurs le suppliant de revenir (quiconque connaît la presse New-yorkaise perçoit la portée de l'exploit!).

    Un DVD offre à voir l'intégralité de la conférence de presse donnée par Elvis juste avant les concerts, flanqué de son papa et de l'inévitable Colonel. On assiste littéralement à une opération de séduction menée à vitesse grand V, avec une masse compacte de journaliste fondant en direct. Quelques images filmées par des fans dans la salle, les vingt premières minutes du concert de l'après-midi donnant une belle idée du visuel.

    Côté son: deux concerts, celui de l'après-midi et celui du soir. Le premier a été intégralement remixé avec les technologies de 2012... le résultat offre une expérience qui dépasse les attentes, l'amateur d'Elvis live étant enfin en mesure de percevoir avec la plus grande justesse possible "ce que ça pouvait bien faire d'y être". Les ingénieurs ayant dirigé le projet ont établi une création sonore qui vous propose une lecture "comme si vous étiez assis au 4ème rang du Madison"... le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'ont pas menti!

    Précipitez-vous sur le concert de l'après-midi. Celui du soir qui était sorti à l'époque n'a malheureusement pas pu bénéficier du même traitement de luxe... les bandes sont probablement trop altérées par le traitement de choc reçu en 1972. En effet, le Colonel, dans une tentative de damer le pion aux pressages pirates publiés sur le dos de son poulain, a fait sortir l'enregistrement du concert... 6 semaines après que ce dernier ait été donné! Sur un délai aussi court, inutile de préciser que le visuel autant que le mixage ont été bâclés (et encore, votre serviteur reste poli).

    On choisira donc le concert 17:00 pm, avec la certitude de ne pas être déçu: frissons garantis!

    As recorded live on stage in Memphis - March 30 1974 / Label Follow that dream sortie 2004Part III: LIVE

    A l'origine, ce concert était sorti en 1974. Incomplet et lourdement édité avec des inserts de réactions de la salle repiqués d'autres moments du concert... L'idée générale y était, mais le mixage, sans être mauvais -loin de là même, pour une fois- ne rendait pas pour autant justice à l'incroyable spectre sonore offert par la musique de Presley sur scène.

    Le label Follow that dream, exclusivement dédié à Elvis depuis 2002, et créé afin de rétablir la valeur artistique du patrimoine légué par ce dernier, a eu la bonne idée d'offrir à ce concert un remixage up to date.

    Les bandes de l'époque ayant été conservées en bon état, le résultat vaut le détour: c'est comme si on y était.

    L'énergie est excellente, les réactions de la salle sont limpides et enthousiastes, Elvis est dans sa ville natale en clôture de tournée et il y donne un cinquième concert sold-out après une avalanche de réservations qui ont poussé les organisateurs à ajouter quatre dates à la première initialement prévue.

    Le répertoire est moin "kick-ass" qu'au MSG en 1972, il offre à entendre d'autres titres et un feeling différent, et c'est tant mieux. Elvis est encore dans une forme pétaradante, la voix est monumentale et l'énergie d'ensemble communicative.

    A écouter également à haut volume afin de ne pas perdre une miette des arrangements somptueux: pas un mouvement de musiciens ou de choriste qui ne soit audible. Impressionnant.

     

     

     


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