• George Michael: I'm throughIs that enough?

    I think it's over
    See, everything has changed
    And all this hatred may just make me strong enough
    To walk away

     

    Well, they may chase me to the ends of the earth
    But I've got you babe
    And they may strip me of the things that I've worked for
    But I've had my say, babe

    So hear me now
    I've enough of these chains
    I know they're of my making
    No one else to blame for where I stand today
    I've no memory of truth
    But suddenly the audience is so cruel
    So God, hey God you know why I'm through

    Through

    I guess it's tough, I guess I'm older
    And everything must change
    But all this cruelty and money instead of love
    People, have we no shame?

    They may chase me to the ends of the earth
    But I've got you babe
    And they may take away the things that I've worked for
    But you'll pull me through, babe

    It's so clear to me now
    I've enough of these chains
    Life is there for the taking
    What kind of fool would remain in this, in this cheap gilded cage
    I've no memory of truth
    But suddenly the audience is so cruel
    Oh God, I'm sorry

    I think I'm through
    I think I'm through
    I think I, I know I
    I'm through

    2012...

     

    Cher George

     

    J'écrivais à ton propos, dans une chronique consacrée à Mika en avril 2013:

    " A quelques années près, il aurait pu se faire griller la politesse : George Michael s’était déjà frotté aux impossibles vocalises Mercurystes avec brio mais n’aura finalement pas cherché plus loin, travaillant dur pour accoucher d’une esthétique personnelle couvrant de larges horizons et, âge oblige, des courants musicaux bien plus lointains (jazz, blues). Pour finalement s’astreindre à des compositions de plus en plus délicates exigeant des ressorts de respirations et de timings chirurgicaux. George Michael a déjà réussi l’exploit de s’extraire de Wham, de casser son image de poster boy avant qu’elle ne vire ringard pour se transformer en arbitre de style british sobre et efficace, mâtinant ses albums de sophistication, d’inserts vocaux appuyés, d’effets impossibles chez n’importe qui d’autre. Pour lui, la course au tube est terminée, le Grec briton le plus célèbre de la planète a de l’ambition pour assurer la pérennité de ses talents, mais son regard porte dans des directions tout à fait opposées au torrent pop".

    Finalement, trois ans plus tard, tu fermes le ban de l'hécatombe d'artistes majeurs disparus en 2016. Et quelle déflagration! Bowie, Prince, Delpech en France... Las! Il a fallu que toi, le dernier aristocrate du genre, tu casses ta pipe le 25 décembre. Émotion planétaire, hommage tsunamesque. Mérité, cent fois mérité. Car ton départ prive la pop british et la musique pop/rock au sens le plus large du terme d'un artiste surdoué, interprète classe et voltigeur, auteur-compositeur inspiré et élégant, nimbé de mystère et de décadence, d'excès et de retenue. Membre éclairé et terriblement lucide de l'aristocratie pop/rock, solidement inspiré par ses bases (Elton John, Mac Cartney, Elvis, Orbison, Stevie Wonder, Prince, Motown...) et multipliant les collaborations aussi prestigieuses que surprenantes. Passionné de musique et de scène bien plus que par la célébrité. Rien d'inutile dans la production en marbre que tu lègues. Des titres ciselés avec un soin d'orfèvre, intégralement signés de ta main, des mots choisis sur des notes magiques, du punch parfois, une grande et fragile mélancolie, souvent. Cher bonhomme, star pas très star dans le fond, ego cabossé, tiraillé, peu doué pour te prendre au sérieux, tu laisses un écho unanime sur tes qualités artistiques et humaines, avec une prodigalité de soutiens en tous genres (chiffrés en millions, tes heureux bénéficiaires le font savoir aujourd'hui) effectués depuis toujours dans la plus grande discrétion, sans chercher à te faire de la pub grâce à elle. C'est assez rare pour être souligné.

    George Michael: I'm throughFreddie Mercury Tribute rehearsals, Londres, avril 1992... Tu répètes "Somebody to love". Freddie est inchantable, quiconque touche à la scène sait cela. Mais tu gères. Tu gères tellement bien, talent balancé avec une aisance cool, que je repère Brian May, derrière, qui ouvre des yeux ronds, affiche un sourire éclatant et qui n'en perd pas une miette, heureux d'accompagner tes prouesses qui lui rappellent de si près la virtuosité de son pote disparu. Le mec qui filme en profite pour choper, plus loin, Bowie, qui te dissèque à l'oeuvre, lui aussi. Bouche bée. George, tu penses que David était du genre facilement impressionnable? Bon,on voit la portée du compliment, donc. Queen en viendra de son côté à te proposer de prendre la suite post-Mercury. Tu as apprécié le degré de confiance je suppose, mais tu as quand même poliment refusé. Libre, déjà.

    George, il me faut cependant l'avouer: je t'avais un peu oublié. Le temps qui passe, la certitude que certains artistes seront encore là longtemps. Il est trop tard pour regretter mais telle est la vérité. Le sentiment diffus que j'ai ressenti à la lecture de ce sms qui m'annonçait ce truc informe qui était ta chute était une émotion un peu égoïste: ma jeunesse qui se barre avec toi, quelque part.

    Mais pas que.

    Car aussi.

    Le travail d'orfèvre était bien là, dans mon oreille. La délicatesse de "You have been loved" me tenaillait. J'ai rattrapé l'oubli en faisant comme tout le monde: razzia sur Itunes, best of, albums, live, tout. Bonne idée, ces achats. Mes oreilles n'en sont pas encore tout à fait remises. Car comme un pote qu'on a beaucoup aimé et qu'on avait perdu de vue, j'ai redécouvert des ruelles, des chemins, des panoramas dans cette création tellement cérébrale, esthétique et populaire, intelligente, qui est la tienne.George Michael: I'm through

    Comme tous les artistes majeurs, c'est le relief intérieur exprimant quelque chose d'universel qui t'inspire. Les constantes? Amours brisées, solitude, quête de Dieu, quête d'un sens, quête des sens aussi. Le tout décliné sur des rythmes lents ou orgasmiques, des accords complexes et ciselés, un art de la composition qui mâtine le jazz de pop, le blues de soul, mélange des genres, un art qui te vaut le respect de ta profession, des critiques et du public en un même mouvement. Cette unanimité, elle se gagne en jouant franc-jeu, avec ses failles comme avec ses dons. Ne rien économiser, tout donner. Et créer avec le soin d'un artisan vrai.  Nul playback chez toi, cher George, l'arme des minus ne te concerne en rien. D'un MTV unplugged à un orchestre symphonique, rien n'effraie celui qui chante vraiment car les musiciens, tous les musiciens sans exception sont ses amis, d'entrée de jeu. Et ils te le rendent bien, ce respect que tu témoignes à la musique, au live, au public en payant de ta personne.  

    J'ai découvert avec surprise que tu avais repris ce cher Rufus Wainwright en 2012, "Going to a town". Rencontre entre deux immenses artistes qui emportent mes suffrages, comment ne pas applaudir? En cette ère de Trumperie désespérante qui est la nôtre, avec un 9 novembre 2016 qui me reste en travers de la gorge tant il crache sur l'Amérique que j'aime, les mots de Rufus, sublimes, sa mélodie au scalpel et ta voix calme et parfaite pour les porter un cran plus haut encore prenaient un sens nouveau. Laisse-moi proposer ce partage au lecteur qui s'aventurerait sur cette page, avec le texte en prime, au cas où quelque chose passerait à l'as:

    I'm going to a town that has already been burnt down

    I'm going to a place that has already been disgraced

    I'm gonna see some folks who have already been let down

    I'm so tired of America

     

    I'm gonna make it up for all of The Sunday Times

    I'm gonna make it up for all of the nursery rhymes

    They never really seem to want to tell the truth

    I'm so tired of you, America

     

    Making my own way home, ain't gonna be alone

    I've got a life to lead, America

    I've got a life to lead

     

    Tell me, do you really think you go to hell for having loved?

    Tell me, enough of thinking everything that you've done is good

    I really need to know, after soaking the body of Jesus Christ in blood

    I'm so tired of America

     

    I really need to know

    I may just never see you again, or might as well

    You took advantage of a world that loved you well

    I'm going to a town that has already been burnt down

    I'm so tired of you, America

     

    Making my own way home, ain't gonna be alone

    I've got a life to lead, America

    I've got a life to lead

    I got a soul to feed

    I got a dream to heed

    And that's all I need

     

    Making my own way home, ain't gonna be alone

    I'm going to a town

     

    That has already been burnt down

     

    George Michael: I'm through

    George, que tu aies précisément choisi ce titre, ces phrases qui règlent leur compte à la bêtise... Merci.

    C'est un peu la version triste de "Outside", qui lui m'avait plié en quatre à sa sortie en 1998. Te faire pincer dans une pissotière, bon, chacun avait compris comment bien démarrer la journée selon toi. Comme le dira ton ami Elton John, il y avait peut-être mieux pour faire un coming out. Ce qui a été extraordinaire, c'est ta réaction: ce que tu as fait passer, sans arrogance mais sans hésitation non plus: tu n'avais pas honte de toi. La presse mondiale t'est tombée dessus et tu l'as retournée comme une crêpe. Car le courage paye et tu as eu l'intelligence de montrer que ta création serait toujours infiniment plus passionnante que ta sexualité. Ne niant pas la maladresse de l'épisode, ni ta propre bêtise, on ne t'a cependant jamais vu présenter des excuses pour la sexualité qui était la tienne. Et cela, c'était filer un coup de main incroyable à des milliers de jeunes en proie à la honte. Tu en as tiré un clip, ouverture en format porno allemand à 2 balles, foutage de gueule pas bien méchant des flics qui t'avaient arrêté et exposé, croyant sonner l'ouverture de la récréation homophobe. Tu étais prêt, ils n'auront outé personne. Tes amours, elles étaient dans tes chansons depuis des années. Et te voir en clip arpenter  quelques mois plus tard des toilettes publiques qui se transforment en boîte de nuit, les girls (canons, évidemment, comme toujours) en fliquettes sexy, toi en cop plus vrai que nature, la matraque à la main of course, j'avais adoré, j'adore toujours autant et ce fut le cas de tout le monde, à l'exception des représentants de ta maison de disques aux USA.

    Ce qui visiblement te laissait totalement indifférent. En voilà, un mec qui a de l'esprit, de l'humour, des idées! En voilà, un artiste qui refuse d'être esclave de sa célébrité, qui veut créer avec tout, y compris ses faux pas. Libre, libre, libre encore. "Back to nature"! Et so british, un humour digne d'Ab Fab: "Je pense avoir fait le tour du canapé, je pense avoir fait le tour du hall d'entrée, je pense avoir fait le tour de la table dans la cuisine, bébé, si on allait dehors?". Ce n'étaient pas ces ricains coincés qui allaient te dicter ta conduite, ni le flic qui t'a menotté, largement assez tarte pour te réclamer subséquemment des millions de dollars parce que tu l'aurais tourné en ridicule et empêché de travailler. Procès qu'il a perdu par deux fois, manquerait plus que ça! Fallait réfléchir avant: te jeter en pâture comme une bête de foire, ça ne le remuait pas. Mais que tu inverses le rôle du chasseur et de la proie, en un 180° magistral, simplement parce que la honte, tu ne connaissais pas et que personne à part toi n'était autorisé à te juger sur des choses aussi anecdotiques, voilà qui était subitement intolérable! Tu avais pourtant prévenu: "I ain't mister Right"!

    George Michael: I'm throughLe sexe, tu en as fait ton affaire. Naturel, libre, sensuel, accro de l'esthétisme. Nanas sublimes, mecs au top, tout est bon aussi longtemps que tu en évoques la vraie nature: sa chaleur, ses contorsions, ses jeux de domination, son langage. Poussant la provocation jusqu'à l'avertissement aux plus jeunes oreilles dans "Freeek" et son clip dégoulinant d'intentions sexuelles, de codes sm, d'évocations éclairs pornographiques dont on ne sait si tu te fait le critique ou le chantre- et cette ambiguïté te ressemble probablement aussi:

    "Can I come on in, my sweet baby?

    Can I move on in?

    C'mon kids, don't be scared

    It's a tits and ass world,

    You got to be prepared,

    C'mon kids, you know,

    Your mama and your daddy don't care"!

    Comme souvent, ce sont les mêmes qui poussent des cris d’orfraie devant une création artistique libidineuse qui se passionnent pour ce que tu peux bien faire dans la vraie vie de ce côté. Or il y avait tellement plus de reliefs en toi que cette fascination pour ce qui pouvait se passer dans ton lit ou les substances que tu consommais sans honte, là encore. Le regrettant, à coup sûr, mais prenant garde d'être toi, sans avoir la prétention d'être un exemple en quoi que ce soit. Avec un sourire un peu contrit, balançant, à propos du cannabis: "Super came, qui me permet de ne pas devenir fou. Mais pas très bonne pour la santé, à l'évidence". Plaidant coupable sans chercher une seconde le passe droit ou l'armée d'avocats lorsque tu te plantes en bagnole, sous influence d'alcool et de cannabis, la totale. Présent en personne face au juge, pour affronter la condamnation (que tu estimes méritée) à une peine de prison et à des heures de travaux d'intérêt généraux. Assumant, et regrettant sincèrement. J'appelle ça être un homme, courageux, imparfait et debout.

     

    Tu oses livrer des pans entiers de ta vie privée, marquée par des expériences parfois traumatisantes, à ton public uniquement, en filigrane de tes chansons. Mais comme les petits juges ne sont jamais loin, tu protèges également, tu barricades. 

    Tes tendresses privées pour tes filleuls, qui sortent aujourd'hui:

    Ou ces dizaines de gosses à qui tu payes des études en secret. Ou encore cet ado de 16 ans, moche, obèse, bloqué par son homosexualité dans son petit village briton mais dont les parents ont un ami en commun avec ta famille. L'ami a demandé si tu accepterais de rencontrer l'ado complexé. Tu fais mieux: tu lui envoies une limousine avec chauffeur, qui le dépose à l'entrée des artistes pour un concert que tu vas donner à la Wembley Arena. Un garde du corps escorte l'ado qui n'en revient pas, le fait passer comme un VIP devant tout le monde, les fans qui le voient pénétrer dans le saint des saint. Tu l'accueille comme un ami, tu lui fait partager tes répétitions. 

    George Michael: I'm through

    Le gamin gros et moche se dit qu'il vaut quelque chose peut-être, si une star mondiale montre des égards semblables pour lui. Tu le fais engager chez un de tes agents cinq ans plus tard à Londres. Ce faisant, tu lui donnes l'opportunité de trouver une vie plus grande, plus ouverte, de sortir du placard tout seul, de s'assumer, de trouver la joie de vivre et d'être lui. Il n'y a aucune caméra pour filmer la chose, aucun journaliste pour le savoir. Tu fais tout cela parce que c'est ta nature. Et nous l'apprenons aujourd'hui parce que l'ado a grandit, qu'il est un adulte heureux et qu'il signe un article en forme d'hommage pour témoigner que tu as, d'une certaine façon, sauvé sa vie. http://www.telegraph.co.uk/men/thinking-man/george-michaels-arrest-la-toilet-changed-life-mine/

     

    Des anecdotes de ce genre ne manquent pas à ton sujet. Depuis ton départ absurde, elles éclosent même un peu partout. Chic type. So sad.

    Les albums se sont succédés, à un rythme lent. Il y eu la guerre avec Sony. Pas mal d'énergie perdue dans celle-là, simplement parce que tu refusais d'être formaté et de faire des choses que tu n'aimais pas. Défaite légale mais victoire morale: plus personne n'osera te dicter comment créer. Mais il y eu aussi et surtout Anselmo, premier véritable amour. Homo mal dans ta peau, plus ou moins planqué pour ne pas heurter ta famille, c'est lors d'un concert au Brésil qu'un jeune designer de 27 ans demande à te rencontrer.George Michael: I'm through Tu le retrouves dans le hall de ton hôtel, parfait inconnu. Et il ne te dit qu'une chose: "La personne que vous cherchez, c'est moi". Rencontre foudroyante, tu vis enfin. Trois ans plus tard, Anselmo meurt du Sida. Tu ne sais pas quoi faire de cet abîme qui s'ouvre sous tes pieds. Avoir attendu, cherché, tout ce temps, pour que l'histoire, à peine commencée, se vautre. Tu ne comprends pas. Retour en Angleterre et coming out dans la famille. Tant pis, ou tant mieux, tu refuses de mentir. Et surtout, ton chagrin a besoin d'être épaulé. Mais c'est alors que tu tentes de sortir la tête hors de l'eau que c'est au tour de ta maman de s'en aller, foudroyée par un cancer. Tu ne comprends plus, la ronde des substances et de l'alcool commence. Blocage d'écriture aussi sévère que la dépression qui te ronge. Excepté tourner en rond, tu ne trouves rien à faire. Puis, un matin, tu te réveilles, Anselmo dans la mémoire. Mais la peine cède la place à une image: son sourire. Ce sourire qu'il a eu lorsque tu es allé retrouver ce type dans le hall de ton hôtel. Le sourire de Jesus pour les enfants, l'image te vient d'un seul coup. Direction le piano, pour la première fois depuis deux ans.

    "Jesus to a child" ouvre les vannes d'un torrent d'inspiration. Tu n'hésites plus à confier la nature de cet amour au public, sans rien revendiquer sinon la sincérité de ton propos, aux journalistes de spéculer s'ils le souhaitent. Mais spéculer sur quoi? Tout est dit, de façon magistrale, sur cette bossa nova funèbre, dopée à l'électro, de presque 7 minutes:

    Kindness
    In your eyes, I guess
    You heard me cry
    You smiled at me
    Like Jesus to a child

    I'm blessed
    I know
    Heaven sent
    And Heaven stole
    You smiled at me
    Like Jesus to a child

    And what have I learned
    From all this pain
    I thought I'd never feel the same
    About anyone
    Or anything again

    But now I know
    When you find your love
    When you know that it exists
    Then the lover that you miss
    Will come to you on those cold, cold nights

    When you've been loved
    When you know it holds such bliss
    Then the lover that you kissed
    Will comfort you when there's no hope in sight

    Sadness
    In my eyes
    No one guessed
    Or no one tried
    You smiled at me
    Like Jesus to a child

    Loveless and cold
    With your last breath
    You saved my soul
    You smiled at me
    Like Jesus to a child

    And what have I learned
    From all these tears
    I've waited for you all those years
    And just when it began
    He took you away

    But I still say
    When you find love
    When you know that it exists
    Then the lover that you miss
    Will come to you on those cold, cold nights

    When you've been loved
    When you know it holds such bliss
    Then the lover that you kissed
    Will comfort you when there's no hope in sight

    So the words you could not say
    I'll sing them for you
    And the love we would have made
    I'll make it for two

    For every single memory
    Has become a part of me
    You will always be
    My love

    Well, I've been loved
    So I know just what love is
    And the lover that I kissed
    Is always by my side

    Oh, the lover I still miss
    Was Jesus to a child

    George Michael: I'm through

    L'album "Older" est celui dont tu es le plus proche et le plus fier. Légitimement, c'est un chef d'oeuvre. Les compositions, infusées de mélancolie et de recherches, exaltent les visions d'un homme lucide, analysant jusqu'à la cruauté ce qui l'entoure. "You have been loved" pour Anselmo encore et pour ta maman au passage, car il faut bien faire quelque chose de l'absence, des absences. Mélopée obsédante, lents échos d'un passé brouillé, des phrases déposées sur des notes parfaites:

     

    For what's the use in pressing palms
    When children fade in mother's arms
    It's a cruel world, we've so much to lose
    And what we have to learn, we rarely choose

    So if it's god who took her son
    He cannot be the one living in her mind

    Take care my love, she said
    Don't think that god is dead
    Take care my love, she said

    You have been loved

    Now, I've no daughters, I've no sons
    Guess I'm the only one
    Living in my life

    Des aveux R&B de "Fast Love" à l'exhibitionnisme de "Too Funky" (avec défilé de tops models au sommet et mise en scène de Mugler), de l'exaltation à la retenue, du recueillement à la joie fraternelle ("Freedom"),George Michael: I'm through autant de chemins empruntés durant près de trente ans pour finalement léguer une oeuvre qui se suffit à elle-même et impose le respect par son refus de la facilité, ses références soignées, sa musicalité permanente et fouillée. Immense interprète, multi-instrumentiste surdoué (comme Prince, tu t'es amusé plus d'une fois à jouer de tous les instruments sur tes albums).

    Nous y perdons tellement de sensibilité, George. Visionnaire, tu écrivais en 2005, dans le titre "John and Elvis are dead" issu de l'album "Patience":

     

    But the words that made me cry
    'Cause I knew just what they meant
    He turned to me and said
    "Hey boy, if Jesus Christ is alive and well
    Then how come John and Elvis are dead?"

    "Tell me if Jesus Christ is alive and well
    Then how come Marvin and Elvis are dead?"

    I said "If Jesus Christ is going to save us from ourselves
    How come peace, love and Elvis are dead?"


    Nous sommes des millions à nous poser cette question encore aujourd'hui, cher George, mais à présent en t'incluant, avec un profond regret, dans la liste. Et au fait... merci, George.

     

    George Michael...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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